Le 1er janvier 2024, conformément au droit européen et à la loi antigaspillage de 2020, professionnels et particuliers sont dans l’obligation de trier leurs biodéchets. Mais qu’est-ce qu’un biodéchet ? Qu’implique leur tri ? Comment faire selon que nous sommes professionnel ou particulier ? Qu’on habite en appartement ou en maison ? Riches de quelques reportages et d’une pratique dans le domaine, nous tentons de vous éclairer. On commence avec une interview d’Alain Drapeau, vice-président en charge de la prévention et de la gestion des déchets de l’Agglo de La Rochelle, collectivité qui avait anticipé le sujet.
Pour commencer, un peu de sémantique : c’est quoi un biodéchet ?
L’article L. 541-1-1 du code de l’environnement définit les biodéchets comme "Les déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires." En gros, les épluchures de fruits et légumes et les restes alimentaires qu’on ne saurait revaloriser (même si une cuisine zéro déchet et anti-gaspi est carrément possible)
Dans cet article, on va se concentrer sur les déchets alimentaires des particuliers qui représentent environ 30% du volume de nos poubelles et qui, loin d’être des « déchets », sont de véritables trésors pour nos sols, dont la valorisation dans une approche d’économie circulaire (de la terre à la terre) permet de réduire les coûts économiques, écologiques et sociaux de leur gestion.
NOS DÉCHETS EN CHIFFRES
En 2019, un·e français·e a produit 582 kg de déchets ménagers et assimilés (DMA).
Cela représente environ 10% des déchets produits en France (le reste est généré par l’industrie et le secteur tertiaire à 21% et le secteur de la construction à 70%).
Ce volume n’a que très légèrement baissé (- 2%) depuis 2009 alors que la loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (sic !) du 17 août 2015, prévoyait une baisse de 10% sur la période 2010-2020.
Les biodéchets représentent environ un tiers de nos déchets ménagers (facilement valorisables).
OBJECTIFS (en plus du tri des biodéchets à la source) : > Réduire de 50% les déchets mis en décharge entre 2010 et 2025.
> Réduire de 50% le gaspillage alimentaire à l'horizon 2025.
> Orienter 65% (en poids) des déchets non dangereux non intertes vers des filières de valorisation matière à l'horizon 2025.
Source : Ademe
Quels objectifs pour quels bénéfices ?
Le tri des biodéchets « à la source », c’est-à-dire directement par les ménages, répond à plusieurs objectifs :
> Réduire de 10% le poids de nos poubelles ;
> Réduire les coûts de gestion (collecte, tri, traitement, valorisation) globaux des déchets par les collectivités ;
> Réduire l’empreinte écologique (émissions de gaz à effet de serre, économie en eau, etc.) inhérente à la gestion des déchets.
Et a des effets « collatéraux » intéressants :
> Transformation du déchet en ressource : le déchet devient compost et les sols (et nos cultures) n’en seront que mieux nourris, en meilleure santé, moins gourmands en eau, plus résilients…
> Réintroduction du vivant et de ses cycles dans nos vies : à commencer par l’observation fascinante des « petites bébêtes » des bacs de compostage ;
> Création d’emplois dans des secteurs vertueux (collecte et gestion des biodéchets, conseil et accompagnement dans le domaine, etc.).
Concrètement, comment on trie les biodéchets ?
Il existe a priori une ou plusieurs solutions pour chaque cas de figure.
1- J’habite une maison avec jardin : je peux installer un bac de compostage !
2- J’habite une maison sans jardin ou appartement (avec ou sans balcon) : je peux opter pour le lombricompostage, le compostage partagé en pied d’immeuble ou les points d’apport volontaires mis à disposition par ma collectivité.
On peut tout mettre dans un composteur ?
NON !
Uniquement les déchets organiques alimentaires (les déchets verts comme les tontes de pelouse, les feuilles, les branchages, etc. n’en font pas partie) et sous certaines conditions qui peuvent varier d’une collectivité à l’autre, d’une résidence à l’autre. Le mieux est de se former (une journée suffit) pour adopter les bons réflexes et éviter les fausses bonnes idées. Cette formation peut être prise en charge par votre collectivité. C’est le cas au sein de l’Agglo de La Rochelle.
Dans les grandes lignes, voici…
… CE QUI SE COMPOSTE
… CE QUI NE SE COMPOSTE PAS
Pour en savoir plus sur le compostage : guide du compostage de La Rochelle Agglo.
Qu’est-ce que je fais du compost ?
Vous en recouvrez vos sols : jardin, potager, massif, pied d’arbres et arbustes, etc.
Attention, le compost doit avoir reposé au moins six mois après retournement si vous le mettez en contact direct avec un végétal. Dans le cas contraire, il y a un risque d’agression (et de mort) du végétal. Si vous ne voulez pas attendre tout ce temps, vous pouvez nourrir votre sol en le recouvrant de compost n'ayant pas reposé en veillant à ne pas le mettre en contact avec les végétaux. Le début de l’automne, avant la période de froid, est idéal pour protéger et nourrir les sols.
La collectivité peut-elle m’aider ?
OUI !
La prévention et la collecte des déchets est une compétence des collectivités locales qui peuvent faire appel au Fonds vert mis en place par le gouvernement pour les soutenir financièrement. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre mairie.
À La Rochelle et alentour, la Communauté d’agglomération a pris le sujet à bras le corps depuis 2016. À date, environ 40% des foyers (sur environ 110 000 que comptent les 28 communes) sont équipés d’un composteur individuel fourni par la collectivité et quelque 120 résidences sont équipées de sites de compostage partagé en pied d’immeuble, dont celle de vos serviteurs. À date, l’accompagnement est intégralement pris en charge par la collectivité (coût, matériel, formation, suivi technique et apport en broyât). Après un an de recul, pour ce qui nous concerne, aucune difficulté n’est à déplorer (ras, odeurs…) Mais on verra ça lors d’un reportage dédié dans les semaines à venir. Pour celles et ceux qui ne peuvent ni avoir de composteur individuel ni de composteur partagé, des points d’apport volontaire vont être installés un peu partout sur le territoire.
Pour nous « inviter » à trier nos biodéchets et, plus largement, à réduire notre production de déchets, l’État pousse les collectivités à pratiquer une "tarification incitative". Elle consiste à ajouter une part variable (en fonction du poids ou du volume des déchets) à la taxe de collecte et de traitement des déchets ménagers.
L’Agglo de La Rochelle a fait le choix d’une tarification incitative au volume qui entrera en vigueur en 2026. Afin de sensibiliser les citoyennes et citoyens et de les équiper de bacs de collecte adéquates (poubelle jaune, poubelle bleue, compost, etc.), elle lance une grande enquête. D’ici à mi-2025, chaque foyer aura été visité et équipé pour que début 2026 il ait une solution adaptée pour trier ses déchets et composter.
Vous avez des questions sur le tri des biodéchets et/ou le compostage ?
Adressez-les nous et on se charge de les poser lors de nos prochains reportages.
En attendant, vous trouverez peut-être quelques réponses dans ce reportage :
Jean-Jacques Fasquel, maître-composteur et animateur d'un jardin partagé urbain dans le 12e arrondissement de Paris : https://www.lespandasroux-lr.com/post/devenir-maître-dans-l-art-du-compostage
Objectifs de développement durable en lien :
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