La plateforme « Apprendre en contes », éditée par l’entreprise DICE (Développer l’Intelligence par les Contes Éducatifs), disponible depuis octobre 2024, propose quelque 250 contes éducatifs aux élèves de grande section, CP et CE1 pour les aider à progresser dans toutes les matières. Entretien avec Jacques Reynal, co-fondateur et directeur dans le podcast en fin d’article.
Reconnaître, prononcer et écrire le son [OI], décrire le système « soleil, terre, lune », développer son empathie envers les autres, différencier les sons [TR] et [DR]… et si ces apprentissages basiques de la vie, plus ou moins faciles en fonction des individus, étaient plus assimilables à travers une histoire, un conte ? C’est le pari d’un ancien instituteur entouré d’une poignée de copains qui lancent « Apprendre en contes », une plateforme qui héberge des contes pour traiter les 244 objectifs pédagogiques du programme scolaire des classes de grande section, CP et CE1 (classes charnières des apprentissages) dans toutes les matières (français, mathématiques…) et même dans le domaine social, affectif, créatif.
C’est quoi un conte éducatif ?
Il ne s’agit pas des boîtes à contes qui ont le vent en poupe ces dernières années - et qui ont leur utilité et leur public - mais bel et bien de contes conçus par des professionnel·les de l’éducation nationale pour répondre précisément aux objectifs pédagogiques officiels du programme 2024. En s’appuyant sur la puissance de transmission du conte, à travers les imaginaires, qui a fait ses preuves. Plus de 250 contes de 5 à 8 minutes sont disponibles sur la plateforme apprendre-en-contes.fr pour aider les enfants à surmonter les 244 objectifs-obstacles du programme scolaire, c’est-à-dire les difficultés identifiées pour progresser. Blange-Neige et ses sept nains accompagnent ainsi les enfants dans l’apprentissage des additions. Parmi foule d'autres exemples : https://www.apprendre-en-contes.fr/demo
Une idée qui a germé il y a 40 ans…
À l’origine du projet, on retrouve Serge Boëche, qui a été instituteur, conseiller pédagogique, auteur jeunesse et qui a fondé la Sedrap, deuxième société d’édition de manuels scolaires en France. Alors instituteur et attaché à la pédagogie différenciée qui prend en compte (désormais en contes) les différences de rythme d’apprentissage des élèves, Serge a créé ses propres contes dans les années 1980. À l’aide de bandes audio enregistrées maison sur des cassettes et de casques, Serge avait créé des coins d’écoute dans sa classe pour faire travailler les élèves qui butaient sur certains apprentissages comme celui des phonèmes, pour ne prendre que cet exemple classique. Peut-être était-il trop en avance sur son temps - et la technologie pas tout à fait mature - pour pouvoir généraliser le concept. Près de 40 ans après, c’est désormais chose faite.
Un outil pédagogique incluant les adultes
« La pédagogie, rien que la pédagogie. On a un objectif, c’est l’apprentissage des enfants », nous explique Jacques. Et le succès d’Apprendre en contes repose sur son appropriation par les adultes qui les entourent : instituteur·rices, parents, personnels des dispositifs d’accompagnement à la scolarité, etc.
« Un enfant laissé tout seul avec nos contes peut être déçu. Les contes peuvent paraître un peu austères car il y a peu d’illustrations sonores à la différence des contes de divertissement mais si on les a conçus comme ça, c’est parce que notre conseil scientifique nous a dit que tout ce qui n’est pas là pour servir l’objectif pédagogique dessert l’objectif pédagogique. Et les premiers tests effectués semblent indiquer que le dispositif est pertinent quand l’adulte prend sa place dans le processus. » Quelques écoles pilotes à Toulouse et à La Rochelle, où l’entreprise est implantée, se sont vu offrir l’accès à la plateforme pour l’année en cours. Pour ce qui est du modèle économique, l’accès à la bibliothèque de contenus est en effet payant - hormis pour une dizaine de contes en accès libre. Ce qui pose la question du renforcement des inégalités, les enfants ayant des difficultés étant souvent ceux qui vivent dans des familles qui n’ont pas les moyens de s’offrir ces contes. Jacques nous explique que l’offre est en cours d’affinage pour que personne ne soit laissé au bord de la route. Il évoque quelques pistes dans l’épisode du Pandas Cast ci-dessous.
Pour en savoir plus : https://www.apprendre-en-contes.fr
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