"On s'adapte" : quand la fiction anticipe la réalité ?

Passer par la fiction pour se questionner sur les mondes à venir, c’est le parti pris de la collection « On s’adapte » qui regroupe 10 courts métrages d’anticipation. À l’initiative des Shifters de Charente-Maritime, quatre de ces films étaient projetés à la médiathèque Michel Crépeau et au Carré Amelot à la mi-mars, en présence de trois des réalisateur·ices. Nous avons pu les rencontrer.

Imaginez, (pas tout à fait) au hasard :

un monde dans lequel la production de plastique est interdite,

un monde où les déplacements sont limités à 100 km et où la monnaie d’échange est le kilowatt/heure,

un monde où faire pousser ses propres semences est prohibé,

un monde où la viande est interdite…

Le temps d’un court-métrage, des réalisateur·ices (dont ce n’était pas le métier pour certain·e) se sont « amusé » à nous projeter dans ces mondes dont on sent qu’ils pourraient advenir. S'enchevêtrer, se succéder. Pour le meilleur ou pour le pire. Des mondes où il est difficile de savoir si les interdits sont attentatoires aux libertés où s’ils sont salutaires pour la collectivité. Des mondes tantôt inquiétants, tantôt régénérants. Pour les rencontres, les aventures, les liens qui semblent persister…

Après avoir assisté à la projection-débat de quatre de ces courts métrages (Carné·e·e, Sauvage, Kenavo et Mauvaise graine), nous avions pas mal de questions à poser à leur réalisateur·ices, comme le fait de la petite dissonance cognitive qu’il pourrait y avoir à réaliser des films « engagés » à la suite d’un appel à projet lancé par le groupe Canal +…

Nadège HERRYGERS, Nicolas DEVIENNE et Maël CARADEC ont très gentiment accepté de se prêter à l’exercice.

"On s'adapte" : un collection Canal+ pour imaginer les futurs dès aujourd'hui...

"Nos futurs s’imaginent aujourd’hui. Nous affirmons le besoin de nouveaux imaginaires qui ouvrent des futurs possibles et souhaitables et posent les jalons culturels de la transformation écologique. À quoi ressembleront nos sociétés dans 10, 20, 50, 100 ans ? ON S’ADAPTE veut contribuer à la production d’un imaginaire de la transformation écologique mais également porter une évolution des pratiques cinématographiques avec pour objectif d’ouvrir la voie vers de nouvelles représentations de ce que nos sociétés pourront devenir dans les décennies à venir, sans candeur, ni catastrophisme." Tout un programme... pour une chaîne dont le propriétaire fait d'ordinaire peu de cas de la véracité de l'information et des sujets sociaux et environnementaux en général... Toujours est-il que Canal+ a lancé un appel à scenarii en mars 2020 (tiens, cette date nous rappelle quelque chose... ah oui, le début du fameux "monde d'après" dont les restes sont encore fumants en 2025...) et que 266 scenarii ont été reçus. Dont 10 ont vu le jour dans la collection "On s'adapte" que l'on peut retrouver sur la plateforme Canal+. Ou dans les festivals si on préfère échanger avec les réalisateur·ices et ne pas binger tout·e seul·e dans son canap' (on ne juge pas !). D'autant que ces courts métrages, assez éclectiques, appellent plein de questions. Dernière précision, le projet a reçu le concours de scientifiques et du CNRS qui ont mis à disposition un corpus de textes en sciences de la nature et en sciences sociales pour s'assurer de la justesse des données traitées. Force est de constater que, sur le papiers, les intentions étaient louables. Et dans la salle, leur traduction est intéressante, elle questionne. Et l'échange avec leurs auteur·ices les rend plus palpables, plus concrètes, plus vivantes...

Projections-débats à La Rochelle, les shifters à la manœuvre

Ces projections-débats et rencontres ont été rendues possibles grâce à la mobilisation et à l’organisation des Shifters de Charente-Maritime, une association de bénévoles rattachée au Shift Project, une structure spécialisée dans la production de rapports et la sensibilisation autour des enjeux du réchauffement climatique et de la décarbonation de l’économie. Pascal Schultis, l’un des shifters de Charente-Maritime ayant piloté ce projet, nous en dit plus.