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Éoliennes : un moyen pour les citoyens de se (ré)approprier le cycle de l’énergie ?

Dernière mise à jour : 17 mai

En mars 2024, trois éoliennes ont vu le jour à Andilly-les-Marais, en Charente-Maritime, et devraient permettre d’alimenter l’équivalent de 10 600 foyers en électricité. Trois jours après leur mise en service, nous avons eu le plaisir de rencontrer Guy, Bertrand, Annie et David, tous quatre sociétaires de la Coopec, la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) porteuse de ce projet citoyen qui est avant tout une aventure collective.






Pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d'ici la fin du siècle comme le prévoit l’Accord de Paris sur le climat, deux constats s’imposent en matière de production et de consommation d’énergie : la France doit diminuer sa consommation finale de 40% d’ici à 2050 et augmenter nettement sa capacité de production d’électricité. Sur ce second point, qu’il s’agisse des scenarii de l’Ademe, de RTE ou de la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie), là aussi le constat est implacable : il faut massivement déployer les dispositifs de production d’énergie renouvelable. Dans ce contexte, les territoires, au coeur de la vie des gens et donc plus à-même de prendre les décisions adéquates pour le plus grand nombre, ont un rôle de premier plan à jouer.



 

Les éoliennes d'Andilly-les-Marais en chiffres


3 éoliennes de 5,6 mégawatts de puissance chacune

120m de hauteur et des pales de 80m (record en France) : Ma Zette !

10 600 foyers alimentés

33,9 millions d’euros de budget

6 ans entre le lancement et la mise en service (contre 8 ans en moyenne)

373 sociétaires dont 356 citoyen·ne·s (lors de notre rencontre en mars)

18e projet éolien citoyen de France


 


Éoliennes citoyennes entre vents et marais !


En 2017, découvrant que des industriels de l’énergie tentent discrètement de faire affaire avec les propriétaires terriens pour s’arroger l’exploitation de la zone qu’ils identifient comme un couloir de vent porteur, la mairie d’Andilly décide de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour l’implantation d’un parc éolien le long de la nationale 137. En mettant l’accent, dans le cahier des charges, sur la dimension citoyenne qu’il doit revêtir. C’est le projet de Valorem, acteur national de l’énergie renouvelable qui est retenu. En collaboration avec l’association À nous l’énergie ! renouvelable et solidaire 17 qui avait soufflé à l’oreille du maire qu’une réappropriation du cycle de l’énergie par les citoyen·nes était non seulement possible mais (urgemment) souhaitable.



Réunir pour réussir ?


Six ans après la validation du projet par le conseil municipal, les trois éoliennes sont en état de marche. Un pas de temps plutôt court pour ce type de projet qui s’explique par l’absence de recours juridique (qui semble être la règle d'ordinaire) et par le fait qu’il a embarqué une diversité d’acteurs dès le début (citoyens, entreprises, collectivités, associations environnementales, chambre d’agriculture, etc.). Réunis au sein de la société de projet « Parc éolien d’Andilly-les-Marais », trois acteurs le financent : Valorem, le développeur (51 % des parts), Terra Energies, le fonds d’investissement des renouvelables de la région Nouvelle Aquitaine (18 % des parts) et la Coopec, société coopérative d’intérêt collectif majoritaire dans le comité de gestion, qui regroupe à date 376 sociétaires dont 353 citoyen·nes, des associations, des communes et deux sociétés privées (31 % des parts).



Des retombées économiques locales


Si ériger trois éoliennes vaut son pesant de cacahuètes - 33,9 millions d’euros d’investissement - le fait qu’une société coopérative d’intérêt collectif à majorité citoyenne comme la Coopec en soit partie-prenante garantit un petit retour sur investissement : la vente d’électricité devrait générer 4 millions d’euros par an, auxquels s’ajoutent plusieurs millions d’euros de prime de développement sur 25 ans. Côté Coopec, on assure que les revenus perçus par la coopérative bénéficieront directement au territoire, à travers l’aide au financement de travaux d’économies d’énergie (rénovation de passoire thermique, isolation de bâtiments, etc.) des sociétaires de la Coopec.



Des points de vigilance


S’il est recommandé par toutes les instances reconnues en France dans le cadre de la transition énergétique devant s’appuyer sur un mix incluant une forte part de renouvelables, le déploiement de l’éolien apporte, comme le développement de toute infrastructure, son lot de contraintes : pollution visuelle, pollution sonore, impacts sur la biodiversité, modèle qui repose sur l’extraction de terres rares, recyclage parcellaire en fin de vie, conflits d’usage, etc. On se permet donc de rappeler ici que, la meilleure énergie, est celle qu’on n’utilise pas. Il convient donc de questionner nos besoins essentiels et d’adopter la sobriété (ou la frugalité si ça vous est plus doux à l’oreille) dans nos comportements et usages quotidiens. Hors de question cependant de faire peser la responsabilité sur les individus seuls. Elle doit au contraire faire l’objet d’un débat et d’une mise en oeuvre collective afin d'être efficace et juste.


© Coopec - Quelques sociétaires et les équipes techniques posent pour la fin du chantier



L’éducation populaire motrice de l’énergie citoyenne ? (ou inversement)


C’est d’ailleurs la dimension collective qui est très intéressante dans le cas des éoliennes d’Andilly ! Et c’est presque émouvant qu’un groupe de citoyen·ne·s ait eu l’énergie (bah, fallait bien qu’on la fasse !) de porter ce projet technique d’une envergure qui en aurait effrayé plus d’un·e et qu’il ait abouti rapidement dans un esprit de quasi concorde (des opposant·e·s ont porté et continuent de porter des revendications). Au point que des rassemblements festifs ont été organisés tout au long du chantier (même en période de grand froid et en pleine nuit !) et que les ouvriers ont tenu à faire une photo de groupe avec quelques sociétaires à la fin des travaux (photo plus haut), assez rare sur des projets éoliens d’ordinaire contestés nous dit-on. Pour Guy, membre d’À nous l’énergie ! solidaire et citoyenne 17 et sociétaire (de la première heure) de la Coopec, cette aventure humaine relève de l’éducation populaire et prouve que les citoyen·ne·s peuvent se réapproprier le cycle de l’énergie (qui rappelons-le est au coeur de nos vies !) au point de devenir des (quasi) énergéticiens. Modestement. Et que chacune, chacun, quelles que soient ses connaissances et ses compétences, a un rôle à jouer.


Pour la Coopec, la mise en marche des éoliennes n’est que le premier pas de l’aventure citoyenne. D’autres projets, photovoltaïques cette fois, sont déjà dans les tuyaux de la coopérative.

Alors, selon vous, produire de l’énergie renouvelable, citoyenne et territoriale, ça vaut des Coopec ?!



Pour en savoir plus : https://coopec.fr




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